La zoom party de la SFT : une petite synthèse
A l’occasion de la période du confinement, la SFT innove en proposant à ses adhérents des « zoom-parties ». Un format court : une heure, un thème, un intervenant, qui a intéressé à chaque fois environ 25 personnes, la participation étant réservée aux membres de la CBT.
Première session le 25 juin 17-18h : tabac et COVID. Animé par le Pr Ivan Berlin, le Pr Anne-Laurence Le Faou (présidente de la SFT), et le Pr Daniel Thomas.
Sujets abordés :
Quels sont les facteurs de risque de sévérité de COVID-19 ?
• Fumeurs/ex-fumeurs/non-fumeurs et sévérité de COVID-19
• Risque d’infection par SARS-CoV-2 chez les fumeurs/ex-fumeurs/non-fumeurs
• Est-ce que la nicotine ou le tabac fumé/oral protège contre COVID-19 ?
Comment savoir ?
• Quel est l’effet du confinement sur le tabagisme ?
• Récepteurs ACE2 et COVID-19 – IEC/sartans aggravent-ils ou non la maladie ?
• Que sait-on sur les systèmes alternatifs de délivrance de la nicotine (CE) et
COVID-19 ?
• Quels conseils donnez-vous aux fumeurs/ex-fumeurs/non-fumeurs en période
de pandémie COVID-19 ?
Les animateurs et les participants prennent acte des données troublantes concernant le peu de représentation des fumeurs parmi les patients atteints du COVID, ce qui a pu conforter l’idée d’une « protection » . Mais en réalité il semble très difficile de conclure. En effet, la donnée tabac est insuffisamment voire très peu renseignée dans les observations, et certaines observations ne comparent pas la population des fumeurs atteints de COVID avec une population de fumeurs témoin comparable en terme d’âge et de sex ratio.
Ce que l’on sait : en cas de SARS-COVID 19, les patients fumeurs font des formes plus graves. Ce qui a incité la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF) à communiquer sur l’intérêt – qui qu’il arrive- de continuer à inciter les fumeurs à arrêter de fumer.
Sur un éventuel effet protecteur, certains chercheurs évoquent le rôle potentiel de na Nicotine, mais là encore, rien n’est confirmé.
En résumé : le signal est troublant, mais la balance bénéfices-risque est en faveur de l’encouragement à l’arrêt du tabac. Pour rappel, le communiqué commun SPLF/SFT est disponible ici
Deuxième session le 7 juillet, 17-18h. Avec comme invité le Pr Charles Garabedian , du CHU de Lille, rédacteur du chapitre « Cigarette électronique » de la conférence d’experts « Tabac et grossesse ».
Synthèse:
- les Gyneco-obstétriciens sont plutôt sur le principe de précaution. En cela ils se réfèrent au le texte court des recommandations issues de la conférence d’experts 2020 . Ce texte est accessible en cliquant ici. Attention : le sujet est abordé sur le chapitre VI qui est très court .
- en revanche, certains tabacologues , notamment des sage-femmes tabacologues participant à la conférence, sont sur le principe de la réduction des dommages ou de la prévention de la rechute tabagique.
Ce qui a donné lieu à des échanges un peu vifs, sur notamment la conséquence de déconseiller la vapoteuse à une femme enceinte qui est en arrêt du tabac avec ça : quel intérêt si la femme refume?
En résumé on est encore dans un grand flou, car si on regarde les données (insuffisantes) de la littérature actuelle :
– Elles n’innocentent pas du tout la vapoteuse, avec des études chez l’animal troublantes sur le développement cérébral du fœtus (mais chez l’animal, et pas comparé à la cigarette classique mais seulement à l’absence de vapotage)
– Elles sont visiblement interprétées différemment selon les pays, avec les anglais qui publient un guide du vapotage pendant la grossesse et les français qui déconseillent.
Donc…on fait ce qu’on peut et on ne sait rien, tant qu’on n’a pas d’étude de cohorte prospective qu’on ne pourra pas faire en France parce qu’on n’aura pas les autorisations pour le faire. Donc on compte sur les américains et les pays nordiques qui ont plus la culture de cela… et plus de marge de manœuvre.
Affaire à suivre